lundi 22 octobre 2007
In Rainbows
Je me souviens, c'était le matin du bac de philo, nous étions réunis tous les trois chez mes parents, il y avait Mick, Seb, et moi. Dehors il faisait beau comme un mois de juin. La philo on s'en foutait, on n'était pas prêts de toute façon. A 9h45 Mick a enfourché son Fox. Il est parti dans le bleu Brestois. Dialogues Musiques n'ouvrait qu'à 10 heures. Mick est revenu une demi-heure plus tard. Trois albums dans son sac. La pochette était belle, c'était les débuts de Stanley Donwood. On a rien dit, j'ai mis le cd dans la platine de mes parents. C'était Ok Computer. C'était il y a 10 ans.
Le 10 octobre dernier est sorti un album que je n'ai pas particulièrement attendu. On vieillit, que voulez-vous.
La suite bientôt...
mardi 28 août 2007
Hotel California
You are my face.
Cela fait un moment que j'écoute ce morceau, sorte de croisement improbable entre un rock sudiste (Californien ?) et une musique plus sophistiquée qui viendrait de la côte est. Sauf que Wilco vient de... Chicago. Je mets le disque dans mon autoradio, j'ouvre grand les vitres et je file à vive allure direction le sud. La guitare commence, quelques notes de piano, la section rythmique se met en place, et Jeff Tweedy miaule, gémit, geint. In the durt, and the dust. Puis c'est l'explosion, le cataclysme, la déflagration. Et la voix de Tweedy, devenue rauque, qui hurle I have no idea how this happens, all of my maps have been overthrown. La liberté absolue, l'envie d'aller loin, vite, sans se retourner. Puis le retour au calme, sweetie Tweedy, et la conscience de l'éphémère.
[edit vendredi 18h30 : J'abandonne avec ce site à la noix. Le morceau est en téléchargement et en écoute ici. Voilà. Je vous fais des bisous.]
jeudi 23 août 2007
Sweet Home
Sweet Home est l’œuvre d’un jeune auteur talentueux de 33 ans, Arnaud Cathrine. Le garçon est prolifique, puisqu’outre l’écriture, il collabore à bon nombre de projets, notamment au cinéma (adaptation de son roman la route de Midland) et dans la chanson (parolier de Florent Marchet pour Rio Baril). Sweet Home est son sixième roman publié aux éditions Verticales (et disponible en poche chez Folio).
Dans Sweet Home, on parle beaucoup d’amour et d’absence (décidément…). Ce « on », ce sont Lily, Vincent et martin, trois frères et sœurs qui tour à tour prennent la parole pour évoquer l’absence de leur mère disparue trop tôt, et celle de leur père bien vivant mais inexistant.
Cette partition du livre en trois actes (plus un, en forme d’épilogue), donne un rythme particulier au récit. Celui-ci se déroule sur une période de vingt ans, vingt ans qui ne s’ouvrent au lecteur que par le prisme de trois étés passés dans la maison de famille au bord de la Manche. De ce qui se passe entre ces trois étés (1983, 1990, 2003), on ne saura rien ou presque.
Unis par un lien indéfectible, les trois adolescents devenus adultes vont se forger une identité en réaction – forcément – à leurs parents, sans toutefois parvenir à s’en détacher complètement. Ce livre, beau mais triste, ce pourrait être l’histoire du déterminisme familial. Ou pas.
lundi 30 juillet 2007
Bontempi is sexy
Vous vous souvenez qu'il y a quelque temps, sur la droite de la page dans la catégorie mes disques du moment, figurait l'album d'Au revoir Simone, ces trois New Yorkaises au teint diaphane et à la voix délicieusement fluette.
Eh bien figurez-vous que je les ai vues (plus qu'écoutées, je dois bien l'avouer) récemment en concert lors d'un improbable festival Mayennais.
Entouré d'une meute de jeunes sauvages hurlant "à poil Simone !" et autres "dehors les boudins !" (oui, le jeune Mayennais n'est pas fin) c'est courageusement que je me suis glissé juste devant la scène pour admirer ces déesses du clavier. Je peux donc vous confirmer qu'elles jouent bien avec deux doigts, et que leurs jupes sont aussi courtes que le sont mes billets actuellement. Mais bon sang, qu'elles sont mignonnes.
Après ça, nous avons eu droit à Air, pour un concert assez énorme, truffé de vieux titres de Moon Safari dont les très efficaces "sexy boy" et "Kelly watch the stars". Vive la Mayenne.
jeudi 14 juin 2007
Il fait gris sur la ville
Deux semaines maintenant que cette b.o. me tourne dans la tête. Je dois en connaître les textes par coeur (ou presque), et ce qui est étonnant, c'est que je continue de l'écouter. Je crois bien que peu de disques auparavant m'avaient fait un tel effet. Non pas que je le place en tête de mes disques préférés (faut pas déconner), mais j'ai l'impression d'être dans la peau des personnages. Etonnant, non ?
mardi 5 juin 2007
Aime-moi moins, mais aime-moi longtemps
Dur à dire hein ? Il s'agit de la dernière parole de Louis Garrel lorsque, perché sur une fenêtre, il adresse une ultime recommandation à son amant d'un soir, dans Les chansons d'amour, de Christophe Honoré...
Cette phrase vous hantera longtemps après avoir quitté la salle. Elle est la clef de voûte du film, son leitmotiv, l'espoir d'une vie à deux possible, longtemps. Cette phrase me fout grave les boules. Elle est assez définitive, et pourtant, elle soulage. Car elle survient après une longue errance du personnage principal - Ismaël, joué par Louis Garrel - dans Paris. Ce film est un film sur l'absence et le manque, à en crever, à en perdre des litres de sang et d'eau jusqu'à en devenir sec.
Et surgit cette phrase en forme de rédemption.
Je ne sais pas trop que dire de ce film. Il est à ressentir plus qu'à écrire... S'il est aussi bouleversant, c'est en grande partie dû aux chansons origninales composées par Alex Beaupain et magnifiquement mises en musique par Frédéric Lo (arrangeur du Crève coeur de Daniel Darc). Difficile de dire lequel du scénario ou de la bande originale a fondé le film, tant les deux sont imbriqués. Le tout forme un objet visuel et musical d'une grande beauté, terriblement actuel et tellement vrai.
Louis Garrel y est incroyable de désinvolture et de tristesse rentrée. La caméra de Christophe Honoré n'y est pas pour rien, qui filme les acteurs (Ludivine Sagnier, Clothilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet, Chiara Mastroianni) avec une grande tendresse.
Je n'ai pas pour habitude de vous conseiller un film ou un disque - après tout je ne fais que raconter ma vie, ici - mais cette fois, mes amis, allez-y, vous en sortirez emplis de la joie indicible et tranquille de celui qui sait.
Lave ma mémoire sale dans son fleuve de boue
Du bout de ta langue nettoie-moi partout
Et ne laisse pas la moinde trace
De tout ce qui me lie et qui me lasse
(Ma mémoire Sale)