
Dur à dire hein ? Il s'agit de la dernière parole de Louis Garrel lorsque, perché sur une fenêtre, il adresse une ultime recommandation à son amant d'un soir, dans
Les chansons d'amour, de Christophe Honoré...
Cette phrase vous hantera longtemps après avoir quitté la salle. Elle est la clef de voûte du film, son leitmotiv, l'espoir d'une vie à deux possible, longtemps. Cette phrase me fout grave les boules. Elle est assez définitive, et pourtant, elle soulage. Car elle survient après une longue errance du personnage principal - Ismaël, joué par Louis Garrel - dans Paris. Ce film est un film sur l'absence et le manque, à en crever, à en perdre des litres de
sang et d'eau jusqu'à en devenir sec.
Et surgit cette phrase en forme de rédemption.
Je ne sais pas trop que dire de ce film. Il est à ressentir plus qu'à écrire... S'il est aussi bouleversant, c'est en grande partie dû aux chansons origninales composées par Alex Beaupain et magnifiquement mises en musique par Frédéric Lo (arrangeur du
Crève coeur de Daniel Darc). Difficile de dire lequel du scénario ou de la bande originale a fondé le film, tant les deux sont imbriqués. Le tout forme un objet visuel et musical d'une grande beauté, terriblement actuel et tellement vrai.
Louis Garrel y est incroyable de désinvolture et de tristesse rentrée. La caméra de Christophe Honoré n'y est pas pour rien, qui filme les acteurs (Ludivine Sagnier, Clothilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet, Chiara Mastroianni) avec une grande tendresse.
Je n'ai pas pour habitude de vous conseiller un film ou un disque - après tout je ne fais que raconter ma vie, ici - mais cette fois, mes amis, allez-y, vous en sortirez emplis de la joie indicible et tranquille de celui qui
sait.
Lave ma mémoire sale dans son fleuve de boueDu bout de ta langue nettoie-moi partoutEt ne laisse pas la moinde traceDe tout ce qui me lie et qui me lasse
(Ma mémoire Sale)